

SEUL SUR MARS
Comme Ridley Scott, les réalisateurs hollywoodiens ont imaginé de nombreux scénarios mettant en scène des odyssées vers l'astre le plus proche de la Terre.
Le grand réalisateur de science-fiction a imaginé un voyage catastrophe, très réaliste, entre la Terre et Mars. Depuis la promesse d’ Elon Musk, qui prévoit une mission aux alentours de 2022, cette formidable odyssée n'appartient plus seulement au domaine de l'imagination. Le dernier film du réalisateur britannique avec Matt Damon repose sur des technologies existantes ou en cours de développement, ce qui n'a pas empêché quelques écarts avec la rigueur scientifique.

Ce film du réalisateur américain Ridley Scott sorti en 2015, raconte l’histoire de Mark Watney, un astronaute laissé pour mort par ses équipiers après une violente tempête martienne qui les oblige à décoller de la planète en urgence. Il va devoir faire preuve d’ingéniosité pour tenter de contacter la terre et survivre en attendant les secours. Une situation impossible que le héros, Mark Watney, un botaniste de la Nasa affronte avec sa seule compétence: la science! «C'est la première fois que je vois un tel souci de réalisme dans un film sur Mars, s'enthousiasme François Forget, directeur de recherche CNRS et spécialiste des atmosphères dans le système solaire. « En tant que scientifique, je ne peux qu'applaudir le gros effort réalisé pour mettre la science en avant, ce qui n'est pas si courant ». Le film a séduit les scientifiques par son souci de réalisme, même s’ils ont tout de même noté quelques invraisemblances.
Ce qui est réaliste:
- Le voyage des astronautes vers Mars
La plupart des technologies décrites dans le film pour la mission habitée vers la planète rouge existent déjà ou sont en cours de développement par les agences spatiales. La mission Ares III du film fait justement appel à un scénario envisagé par la Nasa, avec deux vaisseaux spatiaux distincts. Le premier sert à faire le voyage de la Terre vers Mars (le magnifique vaisseau Hermes dans le film), et le second, le MAV (Mars Ascent Vehicle) ne sert qu'à repartir de Mars. Ce second vaisseau est envoyé plusieurs mois à l'avance, afin d'avoir le temps de produire son carburant sur place, à partir du CO2 de l'air martien.
De la même manière, la base vie des astronautes à la surface de Mars est conforme avec ce qui est envisagé par l'agence spatiale américaine. Cette structure gonflable permet d'avoir un volume habitable important, sans prendre trop de place lors du voyage.
Seul problème,même si son fonctionnement reste tout à fait réaliste, le vaisseau Hermes qui emmène l'équipage vers Mars est trop grand et trop luxueux par rapport à ce qu'on envisage aujourd'hui pour un tel voyage.

Vaisseau spatial HERMES du programme spatial ARES du film "Seul sur Mars"
-La stratégie de survie de Mark Watney
Les techniques utilisées par le botaniste-astronaute pour produire sa propre nourriture sont tout à fait réalisables avec le matériel dont il dispose. Même si certaines sont vraiment très risquées! Seul problème, qui n'est pas évoqué dans le film, le sol martien est très riche en perchlorates, des composés chimiques très oxydants qui ont un effet stérilisant sur toute forme de vie.
-Une mission de secours rapide est impossible
En raison des orbites respectives de Mars et de la Terre, les fenêtres de tir pour envoyer des charges les plus lourdes possibles vers Mars ne se reproduisent que tous les deux ans. D'autre part, le voyage est long, très long. Il faut au moins compter 6 mois (180 jours) par aller d'une planète à l'autre. Et une fois parti dans un sens, il est impossible de faire demi-tour, ce qui explique pourquoi les coéquipiers de Mark Watney doivent continuer leur route vers la Terre, même quand ils apprennent qu'il n'est pas mort. Dans le film, toutes ces contraintes orbitales sont prises en compte.

Plantation de pomme de terre de Mark Watney
Ce qui n'est pas réaliste:
- Une tempête de sable met la vie des astronautes en danger
L'écart le plus grand à la réalité est la puissance de la tempête de sable au début du film, qui projette en l'air de gros débris, menace de faire basculer le vaisseau de retour, et entraîne l'abandon de Mark Watney, laissé pour mort par ses coéquipiers. De telles tempêtes existent sur Mars, et ont été observées par les sondes envoyées sur place. Les vents peuvent même y dépasser les 100 km/h. Et effectivement, la quantité de poussières qu'elles soulèvent peut très fortement assombrir l'atmosphère, un peu comme en été lors d'un gros orage, où on est obligé d'allumer la lumière.
En revanche, avec une atmosphère cent fois plus ténue que sur la Terre, ce type de tempête aurait le même impact qu'un vent de 10 km/h sur notre planète. Pas de quoi mettre la vie d'un astronaute en danger! Mais il l'a sans doute conservée car s'était le seul moyen qu'il a imaginé pour abandonner son héros sur Mars.
- Réparer un sas avec une bâche plastique et du ruban adhésif
Mark Watney a beau être débrouillard et inventif, il est impossible de représsuriser un habitat martien en colmatant le trou béant d'une porte avec une bâche plastique tenue par quelques morceaux de ruban adhésif. D’après le calcul d’un scientifique, la poussée serait d'au moins 30 tonnes sur la bâche, ce qui parait totalement impossible.
- Substituer une coupole métallique par une bâche
Il remplace la coupole métallique, extrêmement massive, par une bâche en plastique permettant de réaliser la même fonction dans l'atmosphère peu dense Martienne. C'est à dire de pouvoir dévier l'air afin d'être le plus aérodynamique possible.
- Tenir une conversation en direct avec la Terre
Le problème de la distance entre la Terre et Mars pour les télécommunications est évoqué dans le film par les ingénieurs du Jet Propulsion Laboratory, mais pour un souci très compréhensible de rythme dans la narration, on a l'impression que certains échanges se font presque en direct. En réalité, et même avec des satellites autour de Mars qui servent de relais, il faut entre 3 et 21 minutes pour que les ondes radio voyagent à la vitesse de la lumière entre les deux planètes, selon les positions des deux corps sur leurs orbites respectives autour du Soleil.
- Mark Watney ne se soucie pas du tout des radiations
Plus que les tempêtes de sable, le vrai danger pour les premiers astronautes envoyés sur Mars sera l'exposition à des rayonnements dangereux, des sources de radioactivité qui peuvent provoquer des cancers. Le premier danger, des particules chargées émises par des éruptions solaires, peut être assez facilement combattu en demandant à l'astronaute d'aller se réfugier dans une salle suffisamment blindée. En revanche, il n'y a rien à faire contre la deuxième source de radioactivité, des rayons cosmiques très énergétiques qui proviennent de bien plus loin dans la galaxie
- Le ciel est rouge lors des couchers de soleil sur Mars
Sur mars, un coucher du soleil n’est jamais rouge comme dans le film mais plutôt bleu. C’est du a la poussière contenue dans l’atmosphère. La lumière du soleil n’y est pas diffusée comme sur terre.
Résumé en vidéo par FranceTV :